dimanche 22 mai 2016

Le D.U. Imaginaire - The imaginary D.U.

Voici le récit que faisait l'un des compagnons de captivité de mon père, André Braunschweig*, sur sa transformation de prisonnier en bonne santé en « Dienst Unfähig » : « Le médecin du stalag qui par amitié m’a envoyé à Ludwigsburg et le médecin de l’hôpital qui sur sa demande m’a pris en charge, ont décrété que j’étais victime d’une colite aiguë qui me provoque anémie, amaigrissement et perte de tout ressort physique. Les symptômes d’une telle affection m’ont été appris et pour les présenter j’ai cessé de m’alimenter. Ce jeûne très pénible n’est cependant pas suffisant et il faut que mon état se dégrade encore plus ! Or pendant la journée je ne peux pas marcher dans la cour de l’hôpital, car nous sommes au mois de juin et le soleil me donnerait un meilleur aspect physique en transformant mon teint que par chance j’ai assez pâle de nature. Aussi je ne sors jamais et pour dépenser mes quelques forces restantes, j’ai choisi de faire des kilomètres la nuit dans les escaliers de l’hôpital. Mais il me faut à tout prix éviter une ronde intempestive et au cas d’une rencontre fortuite donner l’impression que je vais aux toilettes ou que j’en reviens. » Ces escapades nocturnes étaient le quotidien de tous les faux D.U. qui essayaient d’acquérir l’apparence de vrais malades. « Que signifie cet étrange ballet mené par ces individus, qui en pleine nuit, se croisent et se recroisent comme des fantômes dans les escaliers de l’hôpital ? Il s’agit tout simplement de la préparation intensive de la visite médicale qui va avoir lieu dans quelques jours et au cours de laquelle vont être reconnus les D.U. par le médecin Allemand. ». André Braunschweig après trois échecs fut reconnu D.U. « Quelques semaines plus tard, un train sanitaire recueillant au passage les D.U. de nombreux stalags, pour la plupart pas plus malades que moi, m’apportera la délivrance. Vive les médecins français. »
* André Braunschweig était magistrat à la cours de Paris



Here is what one of my father's captive companions, André Braunschweig*, had to say about his transformation from a healthy prisoner into a "Dienst Unfähig": "The stalag doctor who, out of friendship, sent me to Ludwigsburg and the hospital doctor who, at his request, took care of me, declared that I was a victim of acute colitis that caused me to lose weight, anaemia and loss of all physical strength. The symptoms of such a condition were taught to me and I stopped eating to present them. However, this very painful fasting is not enough and my condition must deteriorate even more! However, during the day I cannot walk in the hospital yard, because it is June and the sun would give me a better physical appearance by transforming my complexion than luckily I am quite pale by nature. So I never go out and to spend my few remaining strengths, I chose to walk miles at night on the hospital stairs. But I must at all costs avoid an untimely round and in the event of a chance meeting give the impression that I am going to the toilet or returning from it. "These night escapes were the daily routine of all fake UDs trying to acquire the appearance of real patients. "What does this strange ballet by these individuals mean, who in the middle of the night, cross paths and meet again like ghosts on the hospital stairs? It is simply the intensive preparation of the medical examination which will take place in a few days and during which the D.U. will be recognized by the German doctor. ». André Braunschweig after three failures was recognized as a D.U. "A few weeks later, a health train collecting the D.U. of many stalags, most of them no sicker than me, will bring me deliverance. Long live the French doctors”.

* André Braunschweig was a judge at the Paris courthouse


lundi 16 mai 2016

D.U. (Dienst Unfähig): Les malades rapatriés - Rapatriated patients


Les D.U. étaient des prisonniers atteints d’affections qui les rendaient inaptes au travail et qui devaient être rapatriés dans leur pays d’origine. C’étaient des médecins de la nationalité du prisonnier qui présentaient ces malades à une commission constituée d’un médecin militaire Allemand du grade de Colonel. Au début de la guerre les D.U. étaient tous de vrais malades, mais connaissant la faculté française à manipuler les événements afin d’en tirer profit, très vite de nombreux faux malades, aidés par l'expertise complice des médecins Français, vinrent gonfler les rangs des D.U. et purent ainsi rentrer en France sans avoir aucune maladie.

Les médecins Français utilisèrent tous leurs talents pour fabriquer de faux malades, employant par exemple des examens de vrais malades pour les imputer à de faux tuberculeux ou de faux syphilitiques. Le principal critère pour les faux malades était de paraître réellement malade et les médecins s’employèrent à tout mettre en œuvre pour que les prisonniers désirant être classés D.U. aient l’air vraiment malade et surtout très amaigris, leur imposant un entrainement quotidien pour les faire maigrir et perdre leurs forces. Je me servirai dans un prochain article du récit d’un compagnon de captivité de mon père, André Braunschweig, qui fut reconnu D.U. après avoir tenté sa chance devant trois commissions avant d’être reconnu malade et qui retrouva la France en octobre 1943.


The D.U.s were prisoners with conditions that made them unfit for work and who had to be repatriated to their country of origin. It was doctors of the prisoner's nationality who presented these patients to a commission made up of a German military doctor of the rank of Colonel. At the beginning of the war the D.U. were all real patients, but knowing the French ability to manipulate events in order to take advantage of them, very quickly many fake patients, helped by the expertise of the French doctors, came to swell the ranks of the D.U. and thus could return to France without having any disease.

French doctors used all their talents to make fake patients, using, for example, tests of real patients to attribute them to fake tuberculosis or syphilis. The main criterion for the fake patients was to appear really sick and the doctors did their best to make the prisoners who wanted to be classified D.U. look really sick and especially very thin, imposing on them a daily training to make them lose weight and lose their strength. In a future article, I will use the account of a companion in captivity of my father, André Braunschweig, who was recognized as a D.U. after having tried his luck before three commissions before being recognized as sick and who returned to France in October 1943.
 


Mise en Congé de la Captivité Allemande