vendredi 18 décembre 2015

Giengen 1942 - Une douceur de vivre relative - A relative sweetness of living

La vie paraissait plus douce à Giengen pour les prisonniers qui venaient de la culture et qui travaillaient dans les différentes entreprises de la ville, ne serait-ce que pour les repas pris au restaurant au son de la musique provenant d'une TSF qui un jour tomba en panne et que mon père répara comme il le put avec les moyens du bord. Cela lui valut des gratifications en nourriture et bière, de plus, de temps à autre le dimanche matin un prêtre français donnait une messe, ce qui permettait aux prisonniers de trouver un peu de réconfort en priant avec leurs camarades. Au-delà de l'appartenance à cette communauté de prisonniers français, cela leur permettait d'oublier un peu la torture de la séparation d'avec leurs familles, et pour certains d'oublier que leur femme ne les attendait déjà plus. Combien furent-ils à cumuler les détresses derrière les barbelés, et ces quelques minutes de "ferveur" religieuse ne pouvait que les apaiser un peu, même si l'illusion ne durait pas.


Life seemed sweeter in Giengen for the prisoners who came from the culture and who worked in the different companies of the city, if only for the meals taken in the restaurant to the sound of music from a radio set which one day broke down and which my father repaired as he could with the means on board. This earned him gratifications in food and beer, in addition, from time to time on Sunday mornings a French priest gave a mass, which allowed the prisoners to find a little comfort in praying with their comrades. Beyond belonging to this community of French prisoners, this allowed them to forget a little about the torture of separating from their families, and for some to forget that their wives were already no longer waiting for them. How many were there to accumulate the distress behind the barbed wire, and these few minutes of religious "fervour" could only appease them a little, even if the illusion did not last.
 

Messe du dimanche Stalag VA Giengen
Messe du dimanche à Giengen

mercredi 16 décembre 2015

Giengen 1941 - Le travail en usine - Work in a factory

Mon père fut transféré dans un kommando à Giengen afin de travailler non plus dans la culture, mais dans l'usine Albert Ziegler Gmbh qui fabriquait du matériel d’incendie et qui était dirigée à cette époque par Kurt Ziegler. Le changement fut un peu réconfortant pour lui, du fait d'horaires de travail moins contraignants et surtout de conditions de travail bien plus confortables: usine chauffée, repas au restaurant d'entreprise, et surtout un patron très humain qui essayait d'adoucir le quotidien des quatre prisonniers Français qui travaillaient dans son entreprise. Cet homme fit même des démarches afin que mon père soit libéré, bien que ces démarches furent vaines. Dans cette usine mon père apprit beaucoup de choses en mécanique et son sérieux lui valut même de monter, d'essayer et de réceptionner les moto-pompes lorsque les ouvriers Allemands étaient trop occupés. A noter que cette entreprise existe toujours, mais maintenant en tant que multinationale et principal constructeur de matériel d’incendie en Allemagne.
En décembre 1941 une photo officielle fut faite du petit kommando dont mon père était "l'homme de confiance". Cette appellation "homme de confiance" le plaçait donc comme référent de son kommando vis à vis des autorités allemandes et surtout d'interprète, ce qui vu son faible niveau dans cette langue est assez étonnant. Probablement les prisonniers avaient-ils d'autres centres d'intérêt et de préoccupations que d'améliorer leur capacité à parler la langue de Goethe.


My father was transferred to a kommando in Giengen in order to work not in culture but in the Albert Ziegler Gmbh factory which manufactured fire equipment and which was run at that time by Kurt Ziegler. The change was a little comforting for him, due to less restrictive working hours and especially to much more comfortable working conditions: heated factory, meals at the company restaurant, and above all a very human boss who tried to soften the daily lives of the four French prisoners who worked in his company. This man even made representations to have my father released, although these representations were in vain. In this factory my father learned many things in mechanics and his seriousness even allowed him to assemble, test and receive motor-pumps when the German workers were too busy. It should be noted that this company still exists, but now as a multinational and the main fire equipment manufacturer in Germany.
In December 1941 an official photo was taken of the little kommando whose my father was "the man of trust". This appellation "trusted man" therefore placed him as a referent of his kommando towards the German authorities and especially as an interpreter, which is quite surprising given his low level in this language. Probably the prisoners had other interests and concerns than to improve their ability to speak Goethe's language.
 


Photo du kommando de Giengen Stalag VA 7 décembre 1941
Photo prise le 7 décembre 1941 afin que les prisonniers l'envoient à leur famille pour la fin de l'année