mercredi 30 mars 2016

Le tri des colis - Sorting parcels

Mon père pour ne pas rester oisif comme il aurait pu le faire en tant que sous-officier, avait chargé l'un de ses camarades du 8ème Régiment qu'il avait retrouvé à Ludwigsburg de lui trouver un job. Une place étant libre au tri des colis, mon père prit ce travail peu fatigant mais qui lui permettait surtout de sortir du camp tous les jours ouvrés. Ce tri des colis se déroulait dans une caserne de la ville: la Karlskasern. Voici le récit de son emploi du temps dans une lettre du 19 décembre 1942 :  "Le réveil sonne à 5h½ mais je ne me lève pas avant 6h pour prendre le déjeuner du matin (thé et biscuits). Après avoir fait ma toilette et m’être habillé je pars au travail vers 7h¼ pour commencer à 8h. Nous avons ¼ d’heure de pose à 10 Heures et ½ heure pour le repas de midi (qui a lieu à 1 heure). Puis nous travaillons jusque 5h¼ et nous rentrons au camp où nos camarades ont préparé le repas du soir. Ensuite, suivant les jours, les distractions sont variées, cinéma, théâtre, cartes, lecture ou correspondance et je me couche vers 9H quand sonne l’extinction des feux. Le dimanche je vais à la messe de 7h¾, ensuite je cuisine ou je bricole jusqu’à midi. L’après-midi passe généralement très rapidement en compagnie des camarades et après le repas du soir, nous faisons une partie de cartes avant d’aller nous reposer pour être prêts à attaquer une autre semaine". Ce travail lui permettait de voir ses propres colis arriver et de prendre les lettres que ma mère y introduisait avant que le colis ne soit fouillé par les Allemands.
Mon père fit un croquis de cette caserne, probablement de l'endroit d'où il triait les colis 


My father, in order not to remain idle as he could have done as a non-commissioned officer, had asked one of his comrades from the 8th Regiment, whom he had found in Ludwigsburg, to find him a job. A place being available for sorting parcels, my father took this not very tiring job but which allowed him to leave the camp every working day. This sorting of parcels took place in a barracks in the city: the Karlskasern. Here is the account of his schedule in a letter dated December 19, 1942: "The alarm clock rings at 5h½ but I don't get up until 6am to have breakfast (tea and cookies). After I have cleaned up and dressed, I go to work around 7h¼ to start at 8am. We have ¼ from posing time to 10 o'clock and ½ for lunch (which takes place at 1 o'clock). Then we work until 5h¼ and we return to the camp where our comrades prepared the evening meal. Then, depending on the day, the distractions are varied, cinema, theatre, maps, reading or correspondence and I go to bed around 9am when the lights go out. On Sundays I go to Mass at 7h¾, then I cook or tinker until noon. The afternoon usually passes very quickly in the company of the comrades and after the evening meal, we play a game of cards before going to rest to be ready to attack another week". This work allowed her to see her own parcels arrive and to take the letters that my mother would put in before the parcel was searched by the Germans.
My father made a sketch of this barracks, probably of where he sorted the packages from.



Karlskasern Ludwigsburg 1943 Stalag VA
Dessin de Georges Duséhu Karlskasern Ludwigsburg le 20 mai 1943 

dimanche 27 mars 2016

Ludwigsburg - Bombardement Anglais du 15 avril 1943 - British bombing April 15, 1943 (part3)

Mon père écrivit une lettre à ma mère le 18 avril 1943, lui relatant cet événement : « Petite chérie. Sans doute as-tu appris par les journaux le malheur qui a frappé tant de familles de prisonniers dans la nuit du 14 au 15 et, cette fois encore, nous avons été protégés car l’alerte ici aussi fut chaude mais nous n’avons eu heureusement qu’un seul blessé et des dégâts matériels. J’ai vu ce matin une liste des victimes du camp le plus touché et je craignais d’y découvrir les noms de plusieurs de mes camarades de ma compagnie car ils étaient nombreux là-bas, mais il n’y en a qu’un de chez nous et quelques camarades que j’avais connus de passage au camp. Ce matin une messe de communion en plein air a été dite à l’intention de tous ces malheureux camarades et de leurs familles. Le camp est bien moins animé qu’à l’habitude et la consternation est grande parmi les prisonniers. Ces pénibles événements vont vous causer encore à tous bien des tracas supplémentaires contre lesquels nous ne pouvons rien, mais sois bien certaine petite chérie que je ne négligerai rien pour me protéger et te revenir en parfaite santé».


My father wrote a letter to my mother on April 18, 1943, telling her about this event: "Little darling. You may have read about the misfortune that struck so many families of prisoners on the night of 14 to 15 in the newspapers and, once again, we were protected because the alert here was also hot, but fortunately we only had one wounded and material damage. I saw this morning a list of the victims of the most affected camp and I was afraid to find the names of several of my comrades in my company because there were many of them there, but there is only one of us and a few comrades I had known from the camp. This morning an open-air communion mass was said for all these unfortunate comrades and their families. The camp is much less animated than usual and there is great consternation among the prisoners. These painful events will cause you all many more worries against which we can do nothing, but be sure, little darling, that I will do my best to protect myself and return to you in perfect health”.
 



Georges Duséhu devant son camion radio
Mon père devant son camion radio en 1939