Le Français c’est bien connu est un champion dans
l’art de changer le cours des choses en essayant de tirer avantage de la
situation, fut-elle négative. A Ludwigsburg, les évasions étaient plus
fréquentes qu’en kommando et las de voir les effectifs des prisonniers se
réduire (même de peu) les Allemands se firent aider d’un chien qui accompagnait
la sentinelle de faction la nuit. Pour la suite de l’histoire je reprends le
récit de Pierre Dulin : « Les Français, toujours débrouillards, se disent
qu’un clébard, même nazi et si féroce soit-il, devait pouvoir s’amadouer.
Chaque matin, en passant devant l’enclos de la bête hargneuse, c’était un
morceau de sucre, un biscuit qui tombait par-dessus le grillage, délicatement
jeté par une main de prisonnier. Si bien que, une quinzaine s’étant tout juste
écoulée le « féroce » qui s’accrochait à son grillage dès qu’il voyait arriver,
dans la clarté brumeuse de ce début de printemps, quelqu’un vêtu de kaki, non
seulement ne grognait plus, mais poussait de petits gémissements qu’on pouvait
aisément traduire, passant du langage chien à l’argot gefang ! « Y’a rien à
clapper, ce matin ? ». Une fois le chien amadoué cela servit bien les
prisonniers qui s’évadèrent comme je le raconterai plus tard.
The Frenchman is a well-known champion in the art of
making a difference by trying to take advantage of the situation, even if
it is negative. In Ludwigsburg, escapes were more frequent than in kommando and
tired of seeing the number of prisoners reduced (even slightly) the Germans
were helped by a dog that accompanied the faction sentry at night. For the rest
of the story I take up Pierre Dulin's story: "The French, always resourceful, tell themselves that a dog, even
a Nazi and however ferocious it may be, should be able to fall in love. Every
morning, as we passed in front of the angry beast's enclosure, it was a piece
of sugar, a biscuit falling over the fence, delicately thrown by a prisoner's
hand. So much so that, about two weeks after the "fierce" that clung
to his fence as soon as he saw someone dressed in khaki, not only did he no
longer growl, but he also made small moans that could easily be translated,
going from dog language to slang gefang ! "Is there anything to eat for
this morning?" Once the dog was
softened, it served the prisoners well and they escaped, as I will tell you
later.
Dessin extrait du livre "Stalag VA" |