Mon père fut transféré dans un kommando à Giengen
afin de travailler non plus dans la culture, mais dans l'usine Albert Ziegler
Gmbh qui fabriquait du matériel d’incendie et qui était dirigée à cette époque
par Kurt Ziegler. Le changement fut un peu réconfortant pour lui, du fait
d'horaires de travail moins contraignants et surtout de conditions de travail
bien plus confortables: usine chauffée, repas au restaurant d'entreprise, et
surtout un patron très humain qui essayait d'adoucir le quotidien des quatre
prisonniers Français qui travaillaient dans son entreprise. Cet homme fit même
des démarches afin que mon père soit libéré, bien que ces démarches furent vaines.
Dans cette usine mon père apprit beaucoup de choses en mécanique et son sérieux
lui valut même de monter, d'essayer et de réceptionner les moto-pompes lorsque
les ouvriers Allemands étaient trop occupés. A noter que cette entreprise
existe toujours, mais maintenant en tant que multinationale et principal constructeur
de matériel d’incendie en Allemagne.
En décembre 1941 une
photo officielle fut faite du petit kommando dont mon père était "l'homme
de confiance". Cette appellation "homme de confiance" le plaçait
donc comme référent de son kommando vis à vis des autorités allemandes et
surtout d'interprète, ce qui vu son faible niveau dans cette langue est assez
étonnant. Probablement les prisonniers avaient-ils d'autres centres d'intérêt
et de préoccupations que d'améliorer leur capacité à parler la langue de Goethe.
My father was transferred to a kommando in Giengen in order to work not in
culture but in the Albert Ziegler Gmbh factory which manufactured fire
equipment and which was run at that time by Kurt Ziegler. The change was a
little comforting for him, due to less restrictive working hours and especially
to much more comfortable working conditions: heated factory, meals at the
company restaurant, and above all a very human boss who tried to soften the daily
lives of the four French prisoners who worked in his company. This man even
made representations to have my father released, although these representations
were in vain. In this factory my father learned many things in mechanics and
his seriousness even allowed him to assemble, test and receive motor-pumps when
the German workers were too busy. It should be noted that this company still
exists, but now as a multinational and the main fire equipment manufacturer in
Germany.
In December 1941 an official photo was taken of the little kommando whose my
father was "the man of trust". This appellation "trusted
man" therefore placed him as a referent of his kommando towards the German
authorities and especially as an interpreter, which is quite surprising given
his low level in this language. Probably the prisoners had other interests and
concerns than to improve their ability to speak Goethe's language.
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Photo prise le 7 décembre 1941 afin que les prisonniers l'envoient à leur famille pour la fin de l'année |