vendredi 11 décembre 2015

Bissingen 1941: Fin du 1er kommando - End of the 1st kommando

Le kommando de Bissingen s'acheva donc pour mon père en octobre 1941. Il avait vécu plus d'un an avec ces dix camarades et il lui fut difficile de les quitter. Les prisonniers se créaient des habitudes qui leur permettaient aussi de structurer leur vie destructurée par la guerre et l'éloignement d'avec les personnes aimées. Habitant Compiègne, ma mère fit de nombreuses tentatives pour que mon père soit rapatrié en France, ainsi que l'avait promis Hitler pour tous les prisonniers compiégnois lors de la signature de l'armistice près de Rethondes, et mon père de son côté multipliait les démarches, mais il leur fallut longtemps pour que cette promesse fut tenue, car bien sûr aucun officier n'avait d'ordre pour libérer les prisonniers compiégnois. Malgré les journaux Français qui l'écrivaient noir sur blanc et que ma mère découpait pour envoyer à mon père, les officiers auxquels celui-ci les faisait lire disaient: "il ne faut pas croire ce qu'écrivent les journaux", ou alors "nous n'avons pas reçu d'ordre à ce sujet". Ma mère se paya même le culot d'aller à la Kommandantur de Paris, située à l'angle de la rue du 4-Septembre et de l'avenue de l'Opéra, pour demander la libération de mon père. Elle se rappelle seulement du regard bleu acier de l'officier qui l'éconduit sèchement avec dédain. Sa jeunesse, alliée au désir de revoir mon père avec lequel elle n'avait vécu que 9 mois avant qu'il fut mobilisé et son incroyable détermination à ne faire que ce qu'elle avait décidé de faire furent la source de sa téméraire démarche. Lorsqu'elle évoquait cet épisode bien des années après, se souvenant de cet officier plein de morgue la toisant de son regard froid et lui disant qu'il n'y avait aucun motif valable pour que mon père soit libéré, elle ne pouvait s'empêcher de conclure: "quel salaud !". 

La dernière photo prise à Bissingen montre le kommando au grand complet, 10 hommes de troupe, plus mon père qui était sergent-chef.


The Bissingen kommando ended for my father in October 1941. He had lived for more than a year with these ten comrades and it was difficult for him to leave them. Prisoners created habits that also allowed them to structure their lives, which had been destroyed by war and the distance from loved ones. Living in Compiègne, my mother made many attempts to have my father repatriated to France, as Hitler had promised for all the Compiégnois prisoners when the armistice was signed near Rethondes, and my father multiplied the steps, but it took them a long time for this promise to be kept, because of course no officer had any order to release the Compiégnois prisoners. Despite the French newspapers that wrote it in black and white and that my mother cut out to send to my father, the officers who were read by him said: "You must not believe what the newspapers write", or "we have not received any order on this subject". My mother even had the nerve to go to the Kommandantur de Paris, located at the corner of rue du 4-Septembre and avenue de l'Opéra, to ask for my father's release. She only remembers the steel blue eyes of the officer who turned her away dryly with disdain. Her youth, combined with the desire to see my father again, with whom she had only lived with for 9 months before he was mobilized, and her incredible determination to do only what she had decided to do, were the source of her reckless approach. When she recalled this episode many years later, remembering that morgue-filled officer staring at her with his cold eyes and telling her that there was no good reason for my father to be released, she could not help but conclude: "What a bastard!
The last picture taken in Bissingen shows the entire kommando, 10 troopers, plus my father who was chief sergeant.

 

Kommando de Bissingen Stalag VA 1941
Kommando de Bissingen stalag VA 1941
La Kommandantur de Paris
Kommandantur de Paris

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