Il était interdit aux prisonniers de communiquer leur lieu de captivité dans les lettres qu’ils écrivaient à leurs proches. Ma mère savait seulement que son mari se trouvait dans un camp quelque part en Allemagne sans savoir où, elle apprenait juste par mon père lorsqu’il changeait de kommando, mais toujours sans savoir où le situer sur une carte. Ma mère essayait dans ses lettres de contourner la censure et émettait à demi-mots des hypothèses sur son lieu de captivité. A l’occasion d’un bombardement sur Frankfurt et de l’inquiétude de ma mère, mon père lui répondit aussi à demi-mots afin qu’elle ait une idée, même vague, d’où il se trouvait : « Ne crains rien je ne suis pas dans une grande ville et à 300 kms d’où tu me supposais ». Et pour donner un peu plus de précision, il posa cette question mystérieuse à sa femme : « Est-ce que la rue du collège a changé de nom ? ». Cette simple question donnait une idée d’où se passait sa captivité. Bien qu’il fut alors à Ludwigsburg, mon père n’avait rien trouvé pour désigner Stuttgart la grande ville la plus proche. Sur une carte voyant la ville d’Ulm, un peu plus éloignée, il pensa immédiatement au Collège Pierre d’Ailly situé rue d’Ulm que lui et ma mère avaient fréquentés dans leur jeunesse. Ce simple tour de passe-passe leur permit de déjouer la censure et de donner une idée à ma mère de son lieu de détention. Et même si la précision était plus qu’aléatoire, psychologiquement c’était un moyen pour rassurer un peu sa famille, sachant que cette information en ferait le tour rapidement. Nul besoin de cryptage, et le censeur laissa passer l'information dans la lettre que ma mère reçue.
Prisoners were prohibited from communicating their
place of captivity in letters they wrote to their relatives. My mother only
knew that her husband was in a camp somewhere in Germany without knowing where,
she was just learning from my father when he changed kommando, but always
without knowing where to place him on a map. My mother tried in her letters to
get around the censorship and half-wordedly speculated about her place of
captivity. On the occasion of a bombing on Frankfurt and my mother's concern, my
father also replied in half words so that she would have an idea, even a vague
one, of where he was from: "Don't
worry, I'm not in a big city and 300 km from where you assumed me".
And to give a little more precision, he asked his wife this mysterious question:
"Did the street of the college
change its name?” This simple question gave an idea of where his captivity
was taking place. Although he was then in Ludwigsburg, my father had found
nothing to designate Stuttgart as the nearest major city. On a map showing the
city of Ulm, a little further away, he immediately thought of the “Collège
Pierre d'Ailly” located on Ulm street, which he and my mother had attended when
they were young. This simple sleight of hand allowed them to thwart censorship
and give my mother an idea of where she was being held. And even if the
accuracy was more than random, psychologically it was a way to reassure his
family a little, knowing that this information would quickly get around. There
was no need for encryption, and the censor let the information pass through in
the letter my mother received.
Le Collège Pierre d'Ailly rue d'Ulm |
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