Tout au long de sa détention, dans les deux kommandos et au camp, mon père fut confronté à des gardiens très différents les uns des autres, qu’il évoque de temps à autre dans son journal. Les premiers furent bien sûr les soldats qui les escortèrent de Biffontaine (Vosges) où ils furent fait prisonniers, jusqu’à Strasbourg : « Les sentinelles sont très dures avec nous et, sans cesse, on entend des coups de feu tirés en l’air ou même parfois sur des prisonniers qui n’exécutent pas assez rapidement des ordres......qu’ils ne peuvent comprendre, ignorants qu’ils sont de la langue allemande……..gardiens qui nous montrent si peu de sympathie – coups de crosse, coups de feu, coups de baïonnette, tel est le stimulant pour les retardataires, et cela ne va pas sans dommage pour leurs jambes, leurs fesses ou leurs reins… ». Lorsqu’ils arrivèrent à Ludwigsburg le climat changea et les gardiens du camp n’avaient pas la même attitude pour ces hommes qui n’avaient pratiquement rien à manger, qui n’avaient encore aucunes nouvelles de leurs familles, mon père écrit d’ailleurs : « Nos gardiens sont très chics avec nous et de ce côté-là nous n’avons pas à nous plaindre, bien au contraire, mais ce que nous voudrions tous c’est de pouvoir écrire chez nous et donner notre adresse afin de recevoir des nouvelles ». A Bissingen les choses étaient différentes quand ils arrivèrent en septembre 1940, il n’y avait pas de gardien militaire dans la journée, seulement lorsqu’ils rentraient le soir dans leur baraque : « Mes patrons sont très aimables, la nourriture est copieuse et je suis déjà bien copain avec le fils ainé (7 ans) qui me sert de professeur et aussi.......de gardien ». A partir de juin 1941 la colonie de prisonniers français s’agrandit avec 12 nouveaux venus, amenant avec eux un nouveau gardien. A Bissingen il y eut deux kommandos, un de Français et un de Bretons, mon père écrivait : « nous avons à nouveau changé de gardien au début de la semaine dernière …..C’est un brave garçon... un peu naïf et qui a très peur de nous. Nous avons réussi de suite à le mettre en confiance et à lui prouver que les Français ne sont pas des sauvages comme il le supposait – Maintenant il ne cesse de faire des louanges de nous à qui veut l’entendre, et il nous salue et nous dit des « Kamarad » à longueur de journée – Malheureusement le gardien du Kommando des bretons essaye de lui monter la tête et lui fait commettre quelques bêtises qu’il regrette aussitôt » ; car les Allemands mettaient les Bretons à part en essayant de les rallier à leur cause. Mon père dans une lettre écrite à ma mère fait un inventaire des gardiens qui passèrent à Bissingen : « je suis de nouveau seul à la baraque car mes camarades sont repartis au travail et je suis enfermé derrière les barbelés...........mais j’ai la clef en poche pour ouvrir quand mes camarades reviendront. Nous sommes les prisonniers modèles et notre gardien ne se fait aucun tracas et n’a aucune crainte de nous voir prendre la fuite – A propos de gardiens nous en avons eu de toutes sortes. L’un oubliait de nous enfermer la nuit et passait son temps à courir le jupon – L’autre venait fermer la porte à 11 Heures sans nous compter et ne venait pas nous réveiller le matin – Un autre encore ne se déplaçait pas sans son fusil chargé et nous mettait « en joue » par simple plaisanterie – D’autres étaient tout simplement « réglo » - Un des derniers se mettait au « garde à vous » devant nous et nous saluait chacun à notre tour en roulant des yeux ronds, celui-là avait très peur de nous ! – Celui que nous avons en ce moment est un homme très intelligent et sympathique qui sait appliquer son règlement sans pour cela nous brimer et qui comprend l’Esprit français – Nous en sommes enchantés – Grâce à lui nous pouvons à nouveau jouer de « l’accordéon » et cela fait vraiment du bien cet air du pays lorsqu’on est si loin de tous ». Ce gardien était un fourreur de Liepzig qui avait amené sa femme avec lui, femme très chic qui contrastait avec les paysannes du village. Dans sa dernière place, chez Johanna, le gardien militaire était présent mais pour d’autres raisons et mon père s’en amusait beaucoup : « Aujourd’hui dimanche ma patronne a été travailler aux champs car le soleil commence à se remontrer, mais j’ai refusé d’aller avec elle et c’est..... notre gardien qui a été faire mon travail à ma place – Ce gardien est en effet au mieux avec ma patronne !! Il est toujours chez nous, aux champs, à la maison et je l’ai sans cesse dans mes jambes. Pauvre femme. Il faut bien qu’elle se console car son mari est si loin là-bas en Russie !! ». A Giengen de même, pas de gardien dans la journée quand mon père partait et revenait de l’usine, mais il y eut un gardien très précautionneux qui rajouta des cadenas aux portes jugeant que les serrures n’étaient pas suffisantes : « des grilles à toutes les portes et les fenêtres et 5 serrures et 3 cadenas pour clore les 4 issues de notre palais ». A Ludwigsburg les choses étaient différentes, le camp était immense et la multitude de gardiens faisait qu’ils étaient plus anonymes.
Throughout his detention, in both kommandos and at the camp, my father was
confronted with very different guards, whom he mentions from time to time in
his diary. The first were of course the soldiers who escorted them from Biffontaine
(Vosges), where they were taken prisoner, to Strasburg: "The sentinels are very hard on us and, constantly, we hear shots
fired in the air or even sometimes on prisoners who do not execute orders
quickly
enough.................................................................. they
cannot understand, ignorant that they are of the German
language...........guardians who show us so little sympathy - buttstock, shots,
bayonet, that is the stimulus for the latecomers, and it does not go without
damage for their legs, their buttocks or their kidneys....". When they
arrived in Ludwigsburg the climate changed and the camp guards did not have the
same attitude for these men who had almost nothing to eat, who had no news from
their families, my father wrote: "Our
guards are very smart with us and on that side we have nothing to complain
about, quite the contrary, but what we would all like to be able to write home
and give our address to receive news". In Bissingen things were
different when they arrived in September 1940, there was no military guard
during the day, only when they returned to their barracks in the evening: "My bosses are very kind, the food is
abundant and I am already very good friends with the eldest son (7 years old)
who serves me as a teacher and also...........as a guard". From June
1941 the colony of French prisoners expanded with 12 newcomers, bringing with
them a new guard. In Bissingen there were two kommandos, one of French POW and
one for Bretons (Brittany is a French area), my father wrote: "We changed guards again at the
beginning of last week..... He is a good boy... a little naive and very afraid
of us. We immediately managed to put his confidence in him and prove to him
that the French are not savages as he supposed - now he keeps praising us to
whoever wants to hear it, and he greets us and says "Kamarad" to us
all day long - Unfortunately the guard of the Kommando of Brittanies (Bretons)
tries to raise his head and makes him commit some stupid things that he
immediately regrets"; because the Germans put the Bretons aside by
trying to rally them to their cause. My father in a letter written to my mother
makes an inventory of the guards who passed through Bissingen: "I am again alone in the barrack
because my comrades have gone back to work and I am locked behind the barbed
wire...................but I have the key in my pocket to open when my comrades
return. We are the model prisoners and our guard has no worries and no fear of
us running away - about guards we have had all kinds of them. One forgot to
lock us in at night and spent his time running around in the petticoat - The
other came to close the door at 11 o'clock without counting us and did not come
to wake us in the morning - Yet another did not move without his loaded gun and
put us "in aim" just as a joke - Others were simply "legit"
- One of the last ones stood at attention in front of us and greeted us each in
turn by rolling round eyes, this one was very afraid of us ! - The one we have
at the moment is a very intelligent and friendly man who knows how to apply his
rules without bullying us and who understands the French spirit - we are
delighted - thanks to him we can once again play the "accordion" and
it really feels good to have this air of the country when we are so far from
everyone". This guard was a furrier from Liepzig who had brought his
wife with him, a very chic woman who contrasted with the peasant women of the
village. In her last place, at Johanna's, the military guard was present but
for other reasons and my father had a lot of fun with it: "Today Sunday my boss went to work in the fields because the sun
is starting to come up, but I refused to go with her and it is....... our guard
who went to do my work for me - This guard is indeed at best with my boss ! He
is always there, in the fields, at home and I have him in my legs all the
time. Poor woman. She has to console
herself because her husband is so far away in Russia!”. In Giengen too,
there was no guard during the day when my father left and returned from the
factory, but there was a very careful guard who added padlocks to the doors,
judging that the locks were not enough: "gates
on all the doors and windows and 5 locks and 3 locks to close the 4 exits of
our palace". In
Ludwigsburg things were different
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