Rien n’échappe jamais aux rumeurs et dans un camp de
prisonniers pourquoi en serait-il autrement ? Les prisonniers étant pour
certains itinérants, partant du camp pour aller travailler en kommando, les
liens physiques se défaisant laissait place au questionnement, voire aux
suppositions : « où est-il ? Il est probablement….. J'ai entendu dire que....».
A l’occasion du retour de certains de ses camarades du 8ème RG au camp de
Ludwigsburg, mon père ayant été séparé d’eux lorsqu’il travaillait à Bissingen,
puis à Giengen, eut la surprise de les entendre lui dire en guise de salut : «
on était persuadé que tu avais été libéré depuis longtemps ». Bien sûr mon père
fut aussi étonné qu’eux mais pour d’autres raisons. Qu’est-ce qui avait bien pu
leur laisser croire cela ? Un peu plus tard, dans une lettre de ma mère, mon
père apprend que des Compiégnois croyaient qu’il était revenu, demandant à
celle-ci de ses nouvelles. Et mon père de lui répondre par retour du courrier:
« J’ai trouvé très plaisante l’erreur de ces braves gens qui me
connaissaient si mal et qui avaient cru que j’étais de retour, malheureusement
il n’en était rien et je suis encore bien là… ». Les rumeurs allaient aussi
bon train chez les paysans qui à différentes reprises disaient que les
prisonniers Français allaient être libérés, voire remplacés par des prisonniers
Russes, ce qui ne leur plaisait pas du tout. A un autre moment des rumeurs
contradictoires circulaient et certains autochtones répandaient le bruit que
dans quatre mois tous les prisonniers seraient libérés alors que d'autres
affirmaient qu'il faudrait attendre au moins un an. Les prisonniers étaient
alors ballotés entre espoir et résignation. Rumeur encore lorsqu’il fut
question de supprimer les gardiens des kommandos pour les remplacer par les «
hommes de confiance », mon père ne se voyant pas faire office de « garde
chiourme » avec ses camarades. La rumeur provient toujours d’une information
mal comprise, ou même d’une information non dite officiellement mais qui fuite,
ou que certains phantasment et qu’ils propagent avec toutes les déformations
survenant au fur et à mesure de cette propagation d’homme en homme. Rumeurs
parfois pleines d’espoir, rumeurs parfois ajoutant de la tristesse à cet
éternel compagnon du prisonnier : le cafard.
Un kommando du Stalag VA |
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