Il y avait deux types de lettres, la carte simple,
du format d’une carte postale comprenait une face avec 7 lignes seulement et la
lettre normale sur papier libre. Chaque prisonnier n’avait droit qu’à deux
cartes simples et deux lettres par mois, et pas trop longue disaient les
autorités Allemandes, et à partir de janvier 1941 les cartes et les lettres
comportèrent une partie pour la réponse, limitant ainsi le courrier en retour.
Mon père commença sous ce régime puis en qualité de sous-officier, il eut le
droit à plus de courrier que les simples soldats, mais parfois la fréquence des
lettres était modifiée. Durant une période il eut le droit d’envoyer deux
lettres par semaine, ou une lettre et une carte simple, puis le régime changea
sans qu’il sache pourquoi et il devait alterner soit une lettre soit deux
cartes par semaine. De temps à autre aussi il y avait des interdictions
d'écrire, ce qu'il explique à ma mère mais sans donner de raisons
particulières. Mon père avait l’habitude de numéroter ses lettres et il
demandait à ma mère de faire de même afin d’être certain que tout le courrier
arrivait. Il y eut une période où il lui fut interdit de faire cela, puis il
eut à nouveau le droit sans qu’il ait non plus d’explications. Parfois les
lettres venant de France mettaient plusieurs semaines, certaines arrivant avant
de plus anciennes, mais quand tout allait bien le courrier ne mettait qu’une
dizaine de jours, ce que les prisonniers appréciaient par-dessus tout, c’était
pour eux des nouvelles fraîches. Il y eu aussi des interruptions de courriers
parfois pendant plus de deux semaines. Bien sûr les lettres étaient attendues
avec impatience mais parfois des prisonniers recevaient de sombres nouvelles,
le couple se désagrégeant, ou un proche ayant perdu la vie. Dans certaines de
ses lettres mon père évoque ces camarades dont la femme n’avait su attendre et
qui en plus de leur martyre carcéral, cumulait aussi le supplice de savoir
n’être plus aimé, n'être plus attendu. Heureusement la plupart du temps les
nouvelles n’étaient pas si alarmantes, pour mon père l’appréhension provenait
de sa femme, de sa famille, surtout après qu’il ait entendu parler d’un raid
aérien sur la région parisienne, ajoutées aux sources d’inquiétude venant de
son propre père dont la santé était précaire, santé qui s’était dégradé durant
la première guerre et l’avait grandement fragilisé, mais sa mère le rassurait,
même si c’étaient des demis-vérités ou de tendres omissions. Les lettres ne
pouvaient pas tout dire, hormis la censure, le besoin de ne pas inquiéter outre
mesure était de mise des deux côtés, donc parfois le prisonnier écrivait aussi
des demi-vérités ou se taisait tout simplement.
There were two types of
letters, the simple postcard-sized card had a face with only 7 lines and the
normal letter on plain paper. Each prisoner was allowed only two simple cards
and two letters per month, and not too long, the German authorities said, and
from January 1941 onwards the cards and letters included a part for the reply,
thus limiting the amount of return mail. My father started under this regime
and as a non-commissioned officer, he was entitled to more mail than ordinary
soldiers, but sometimes the frequency of letters was changed. For a period of
time he was allowed to send two letters a week, or a letter and a simple card,
then the diet changed without him knowing why and he had to alternate either a
letter or two cards a week. From time to time there were also prohibitions to
write, which he explains to my mother but without giving any particular
reasons. My father used to number his letters and he would ask my mother to do
the same to make sure that all the mail would arrive. There was a period when
he was forbidden to do this, then he was allowed to do it again without any
explanation either. Sometimes letters from France took several weeks, some
arriving before older ones, but when all was well the mail took only about ten
days, which the prisoners appreciated above all, was fresh news for them. There
were also mail interruptions sometimes for more than two weeks. Of course the
letters were eagerly awaited, but sometimes prisoners received dark news, the
couple disintegrating, or a loved one who had lost their lives. In some of his
letters my father mentions those comrades from whom the woman had not known how
to wait and who, in addition to their prison martyrdom, also suffered the
ordeal of no longer being loved, no longer being expected. Fortunately most of
the time the news was not so alarming, for my father the apprehension came from
his wife, from his family, especially after he heard about an air raid on the
Paris region, added to the sources of concern from his own father whose health
was precarious, a health that had deteriorated during the First World War and
had greatly weakened him, but his mother reassured him, even if they were
half-truths or tender omissions. The letters could not say everything, except
for censorship, the need not to worry too much was present on both sides, so
sometimes the prisoner also wrote half-truths or simply kept quiet.
Carte simple n° 7 de Georges Duséhu Bissingen Stalag VA à Nany Duséhu |
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