jeudi 17 mars 2016

Les Colis et les lettres des Prisonniers - Parcels and mail of the prisoners

L’attente des lettres et des colis était, si ce n’est une obsession, tout du moins une préoccupation quasi journalière pour les prisonniers. Encore fallait-il suivre les procédures que les Allemands appliquèrent en 1941 pour que le colis parvienne bien au prisonnier. Ma mère qui aimait par-dessus tout n’en faire qu’à sa tête, avait tendance à ne pas toujours suivre ces directives rigides, et mon père dans quasiment toutes les lettres à cette époque lui donnait des instructions pour qu’elle écrive bien à l’extérieur du colis en en faisant l'inventaire, dans les termes et la forme voulus. Lorsque les colis arrivaient, leur contenu de nourriture était mis en commun afin d’agrémenter l’ordinaire des camarades du kommando, permettant surtout le dimanche de faire un vrai repas à la Française pour tous ces hommes privés depuis si longtemps de patrie. Car en plus d’être un lien avec la France, le colis leur apportait concrètement un peu du pays, qu’ils devaient tous avoir à fleur de peau, et les plus simples choses qui en venaient étaient magnifiées. Mon père évoquait, là le cake qui avait régalé tous ses compagnons, là les truffes au chocolat dont ils avaient apprécié chaque bouchée, ou encore le lapin en conserve qu’ils avaient mariés avec les légumes d’un autre prisonnier afin d’en faire un vrai repas dominical. Dans ce kommando, mon père était bien fourni en victuailles (grâce à sa belle-mère qui avait une boulangerie et souffrait moins de la pénurie que d’autres Français). Florent, un autre camarade de régiment, boucher de son état dans le civil, et qui fut libéré avant mon père, dont les colis étaient aussi bien fournis, apportait de même aux prisonniers du kommando sa part de bienfaits et de plaisir, chacun prenant part à la confection du repas qui leur donnait alors un peu l’illusion d’être là-bas, loin des barbelés, loin de leurs souffrances, pour quelques instants redevenus eux-mêmes.



Waiting for letters and parcels was, if not an obsession, at least an almost daily concern for prisoners. It was still necessary to follow the procedures that the Germans applied in 1941 to ensure that the package reached the prisoner. My mother, who liked above all to do as she pleased, tended not to always follow these rigid instructions, and my father in almost every letter at that time gave her instructions to write well outside the package, taking inventory of it, in the terms and form the German wanted. When the packages arrived, their food content was pooled to decorate the ordinary comrades of the kommando, allowing especially on Sundays to make a real French-style meal for all these men who had been deprived of their homeland for so long. Because in addition to being a link with France, the parcel brought them a little bit of the country, which they must all have had on their skin, and the simplest things that came from it were magnified. My father would talk about the cake that had delighted all his companions, the chocolate truffles that they enjoyed every bite, or the canned rabbit that they had married with another prisoner's vegetables to make a real Sunday meal. In this kommando, my father was well supplied with food (thanks to his mother-in-law who had a bakery and suffered less from the shortage than other French people). Florent, another regimental comrade, a butcher of his civilian status, who was released before my father, whose packages were also well provided, also brought his share of benefits and pleasure to the prisoners of the kommando, each taking part in the preparation of the meal, which gave them the illusion of being there, far from the barbed wire, far from their sufferings, for a few moments to become themselves again.
 
Georges Duséhu et Florent Franckaert Ludwigsburg Stalag VA 1942
 

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