Même si par nature un prisonnier de guerre devrait être soumis à son vainqueur, l’esprit de rébellion pouvait faire surface à l’occasion d’événements particuliers, et mon père eut l’occasion de se rebeller à plusieurs reprises. Lorsqu’il se mit "en grève » à Giengen pour ses chaussures, ce n’était pas la première fois que son esprit Gaulois le faisait agir. Dans son premier kommando à Bissingen il eut plusieurs occasions de montrer qu’il n’était docile qu’en apparence.
Avec son second patron tout d’abord. Dans son journal j'ai trouvé le récit qu'il fait de cette altercation : « Aujourd’hui dimanche j’ai eu un sérieux accrochage avec mon patron au sujet du travail, mais comme je suis très têtu (tu en sais quelque chose) j’ai fini par l’emporter et le pauvre homme en était tout retourné de me voir lui tenir tête, il est vrai que c’est lui qui avait tort ». Cet épisode laissa des traces négatives chez ce patron qui n’offrit rien à mon père pour Noël. « Aujourd’hui, à l’occasion de Noël j’ai fait un cadeau au commis de ferme qui travaille avec moi de 3 tablettes de chocolat et de 2 petits gâteaux. Le pauvre gosse en était tout suffoqué et il n’a certainement pas compris comment un prisonnier de guerre, un « ennemi » pouvait se priver de choses aussi succulentes (le chocolat est pour eux un produit que l’on ne trouve plus dans le commerce, et dont ils sont très friands) pour en faire cadeau à quelqu’un qui lui est complètement indifférent. Mon patron par contre ne m’a rien donné malgré la note venue du camp et dans laquelle il était recommandé aux employeurs de faire un petit cadeau à leurs prisonniers pour leur rappeler que c’était fête et aussi pour leur prouver que nous ne sommes plus des ennemis. Mes camarades ont été mieux lotis que moi et ont eu du tabac, des cigarettes, des gâteaux, etc........ mais comme cela me laisse indifférent, car ce qui compte avant tout pour moi c’est de retrouver la petite femme que je chéris et qui m’attend impatiemment là-bas dans notre beau pays qu’il nous tarde de retrouver ». Puis avec le temps les choses se tassèrent et les relations avec son patron redevinrent bonnes : « En ce moment mon vieux patron est charmant avec moi et j’ai du tabac toute la semaine ». « Au début avec mon nouveau patron j’avais eu quelques petits accrochages (…) mais depuis le jour où j’ai mis les choses au point en me mettant en colère (parfaitement petite chérie) et en criant si fort que le pauvre vieux avait dû quitter l’étable, tout marche pour le mieux et je suis l’enfant gâté de la maison. J’ai du tabac presque tous les jours et jamais plus on ne me fait de reproches. Je ne ramasse que des compliments ».
Although
by nature a prisoner of war should be subjected to his victor, the spirit of
rebellion could surface on the occasion of particular events, and my father had
the opportunity to rebel on several occasions. When he went on
"strike" in Giengen for his shoes, it was not the first time that his
“Gallic spirit” had made him act. In his first kommando in Bissingen he had
several opportunities to show that he was only docile in appearance.
With his
second boss first of all. In his diary I found the account he gave of this
altercation: "Today Sunday I had a
serious argument with my boss about work, but as I am very stubborn (you know
something about it) I ended up winning it and the poor man was very upset to
see me stand up to him, it is true that he was wrong". This episode
left negative traces on the boss who gave nothing to my father for Christmas. "Today, on Christmas day, I gave a
gift to the farm clerk who works with me on 3 chocolate bars and 2 cupcakes.
The poor kid was suffocated by it and he certainly didn't understand how a
prisoner of war, an "enemy" could deprive himself of such succulent
things (chocolate is for them a product that is no longer available on the
market, and which they are very fond of) to give it to someone who is
completely indifferent to him. My boss, on the other hand, did not give me anything
despite the note from the camp in which it was recommended that employers give
their prisoners a small gift to remind them that it was a celebration and also
to prove to them that we are no longer enemies. My comrades were better off
than me and had tobacco, cigarettes, cakes,
etc................................................ but as it leaves me
indifferent, because what matters most to me is to find the little woman I
cherish and who awaits me impatiently there in our beautiful country that we can't
wait to find". Then with time things settled down and relations with
his boss became good again: "Right
now my old boss is charming to me and I have tobacco all week". "At
first with my new boss I had a few little fights (...) but since the day I got
things straightened out by getting angry (perfectly little darling) and
screaming so loudly that the poor old man had to leave the stable, everything
is going well and I am the spoiled child of the house. I have tobacco almost
every day and I am never blamed again. I
only collect compliments".
Nany la petite femme que Georges chérit et qui l'attend impatiemment en France (photo de son album de prisonnier) Nany the little woman George cherish and who awaits him impatiently there in France |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Si vous désirez la version numérique du livre Stalag VA merci de laisser votre adresse mail à: b.dusehu.becker@gmail.com
Als u de digitale versie van het boek Stalag VA wilt ontvangen, kunt u uw emailadres achterlaten op: b.dusehu.becker@gmail.com
If you would like the digital version of the book Stalag VA please leave your email address at: b.dusehu.becker@gmail.com