mardi 8 mars 2016

L'habillement du prisonnier - Prisoner's clothing



Dans une lettre envoyée à ma mère, alors qu’il était « valet de ferme » à Bissingen, mon père évoque sa défroque de paysan : « …….voyons un peu comment se présente aux yeux des habitants de notre charmante villégiature, le prisonnier de guerre N°24161 – Petite chérie je suis certain que tu ne reconnaitrais pas ton mari dans ses défroques de travail – Sur la tête j’ai toujours le calot mais avec les bords rabattus sur les oreilles afin de ne pas avoir froid – Sur le dos j’ai une superbe veste en toile grise avec au moins 20 à 25 pièces cousues en tous sens, comme elle est un peu étroite au-dessus de mes chandails elle a un peu éclaté aux manches et dans le dos mais cela n’a aucune importance car ici l’élégance n’est pas obligatoire – La partie basse du dit prisonnier est affublée d’un pantalon de toile bleu aux bas effrangés et dont la fesse droite est complètement en lambeaux – Aux pieds, j’ai de superbes chaussures un petit peu étroites car ce n’est que du........ 46, et moi qui ne chausse que du 41, je suis obligé de mettre 2 paires de chaussettes de laine et de très grosses semelles de drap et de carton – Enfin, aux mains, j’ai de superbes moufles en toile de sac, et ces moufles, comme tous les équipements des paysans sont bordées de pièces de toutes couleurs et de tous tissus – J’ai tout à fait l’air d’un clochard et parfois je ne peux m’empêcher de sourire en songeant au grotesque de mon déguisement ».

 Mon père garda ses chaussures de taille 46 pendant plusieurs mois avant que les autorités Allemandes lui donnent d’authentiques sabots de bois. Ces chaussures étaient un handicap quand il devait travailler dans la boue, car bien trop grandes, elles avaient la fâcheuse tendance de rester collées au sol quand il essayait de se déplacer. Lorsqu’il eut ses sabots, il les garda même lorsqu’il fut transféré à Giengen et il allait tous les jours travailler à l’usine en sabots, jusqu’à ce qu’une situation hivernale lui fasse abandonner le port de ces chausses, anecdote que je raconterai plus tard.


In a letter sent to my mother, when he was a "farm hand" in Bissingen, my father mentions his defrocked peasant:".........Let's see how the inhabitants of our charming resort look like, the prisoner of war N°24161 - Little darling I'm sure you wouldn't recognize your husband in his work clothes - On my head I still have the cap but with the edges folded over my ears so as not to be cold - On my back I have a superb grey canvas jacket with at least 20 to 25 pieces sewn in all directions, as it is a little narrow above my sweaters it has a little burst at the sleeves and in the back but that doesn't matter because here elegance is not mandatory - The lower part of the said prisoner is wearing blue canvas pants with slender stockings and whose right buttock is completely in tatters - At the feet, I have beautiful shoes a little narrow because it is only........ 46 (11 UK – 12 US), and I, who only wears size 41 (7 UK – 8 US), am obliged to wear 2 pairs of wool socks and very large soles of cloth and cardboard - Finally, in my hands, I have superb mittens made of bag cloth, and these mittens, like all the farmers' equipment are lined with pieces of all colours and fabrics - I look quite like a tramp and sometimes I can't help but smile when I think of the grotesque of my costume”.

My father kept his size 46 shoes for several months before the German authorities gave him authentic sabots. These too large shoes were a handicap when he had to work in the mud, because they were too big, they had the unfortunate tendency to stick to the ground when he tried to move. When he had his hooves, he kept them even when he was transferred to Giengen and went to work every day at the factory in hooves, until a winter situation made him abandon the wearing of these wooden shoes, an anecdote that I will tell later.


Georges à Bissingen en 1941

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