Les prisonniers croyants, quelles que furent
leur croyance, étaient plus proches de leur conviction religieuse en captivité
qu’en temps normal. Tous les sentiments exceptionnels qu’ils vivaient, ainsi
enfermés derrière des barbelés, privés de liberté, d’affection, ne trouvaient
pour la plupart qu’un apaisement par la prière et la méditation dans l’osmose
avec leur dieu ; c’était un moyen de s’échapper de leur condition d’êtres
soumis par d’autres hommes en remettant leur destinée à une éventuelle déité
possédant un pouvoir dont les simples humains ne disposaient pas. Pendant ces
instants de prières et de dévotion, le joug nazi n’avait plus d’emprise sur
eux, leur permettant de retrouver dignité, espoir et un esprit de communauté
autre que celui de prisonniers. Mon père, catholique pratiquant « par tradition
» constatait que sa propre pratique religieuse était plus fervente lorsqu’il
était dans un kommando, que dans le camp de Ludwigsburg. Dans son kommando de
Bissingen, hormis le travail, les distractions étaient pauvres, à part jouer
aux cartes, lire et discuter avec les camarades il n’y avait pas beaucoup
d’autres choses à faire, et le travail ne demandait pas d’effort intellectuel
particulier, laissant de la place à la réflexion et……….au cafard. De plus,
étant gradé et « homme de confiance » il ne lui était pas possible de montrer
ses doutes et son désespoir à ses camarades au risque de faire croitre leur
propre accablement. A Giengen la différence venait du fait que le travail
requerrait plus d’attention et de réflexion, mais le soir la situation était
identique à celle de Bissingen. Dans le camp de Ludwigsburg c’était différent,
les distractions existaient en nombre, de plus la population de prisonniers
faisait qu’il y avait toujours quelqu’un à aller voir afin de discuter
différemment d’avec ses camarades de chambrée. Les journaux arrivaient assez
régulièrement de France en plus de « Camp-cans ». La vie à Ludwigsburg se
rapprochait plus d’une vie en société. Un autre élément avait son importance,
en kommando les messes du dimanche étaient rares, alors qu’à Ludwigsburg
celles-ci étaient régulières, instaurant les mêmes habitudes que dans la vie en
temps de paix. Au fil de ses écrits et de « ses coups de blues », mon père fit
des promesses dans le silence de son intimité……qu’il s’empressa de ne pas tenir
une fois revenu à la vie civile. La religion fut une béquille qu’il utilisa
tant qu’il fut convalescent de sa liberté, mais quand il la retrouva………
Prisoners of any faith were closer to their religious beliefs in captivity than in normal times. All the exceptional feelings they lived, thus locked up behind barbed wire, deprived of freedom, of affection, found for the most part only a appeasement by prayer and meditation in osmosis with their god; it was a way to escape their condition of being subjected by other men by giving their destiny to a possible deity possessing a power that the simple humans did not have. During these moments of prayer and devotion, the Nazi yoke no longer had any control over them, allowing them to regain dignity, hope and a spirit of community other than that of prisoners. My father, a Catholic practitioner "by tradition", noticed that his own religious practice was more fervent when he was in a kommando than in the Ludwigsburg camp. In his Bissingen kommando, apart from work, distractions were poor, apart from playing cards, reading and talking with comrades there was not much else to do, and the work did not require any particular intellectual effort, leaving room for reflection and...................................................... in the spleen. Moreover, being a senior and "trusted man" it was not possible for him to show his doubts and despair to his comrades at the risk of increasing their own overwhelmance. In Giengen the difference came from the fact that the work would require more attention and reflection, but in the evening the situation was the same as in Bissingen. In the Ludwigsburg camp it was different, there were many distractions, and the prison population made sure that there was always someone to go and see in order to talk differently from his comrades. The newspapers arrived quite regularly from France in addition to "Camp-cans". Life in Ludwigsburg was more like life in society. Another element was important: in kommando Sunday masses were rare, while in Ludwigsburg they were regular, establishing the same habits as in peacetime life. Through his writings and "bluesy moments", my father made promises in the silence of his intimacy..................................................... he hastened not to keep them once he returned to civilian life. Religion was a crutch that he used as long as he was convalescing of his freedom, but when he found it again...........
Messe du dimanche à Ludwigsburg en 1942 |
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